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Avril 2020

RÊVE D'ESTEREL

J’ai fait un rêve, un rêve d’Estérel.
Depuis peu, nous avions terrassé l’hydre assassine. Une liberté nouvelle nous était offerte. Nous étions de nouveau ivres de mille projets. Je ne sais ni la saison, ni le temps, ni l’heure.
Nous étions tous réunis, avides de beauté et de pureté.  L’occasion était belle, pour un compagnonnage plein d’ardeur et de vitalité. La même ferveur partagée animait nos pas. Forts de cette expérience inédite, nous avions été dans le même temps, solitaires et solidaires.
Demain, ou un peu après, nous avions rendez-vous avec la vie ; une vie nouvelle, peut-être celle que nous avions rêvé pendant ces semaines, sinon ces mois de solitude forcée.
Nous qui avions vécu quelque temps en cénobites, quel bonheur de retrouver la chaleur communicative de la compagnie des hommes, et de leurs babillages qui nous paraissaient maintenant essentiels.
C’était un jeudi, en tout cas. La nature était, ce matin-là, virginale et resplendissante. La lumière, au zénith, nous enveloppait, bienfaisante.
La nature se remplissait de mille et une couleurs, comme au travers de la rosace d’un merveilleux vitrail.
Nous n’empruntions pas obligatoirement le maillage étroit des sentiers de Grande Randonnée. Nous lui préférions, chaque fois que cela était possible, des sentes sinueuses, minuscules et intimes, idéales pour les confidences et les apartés.
Un sentier étroit, souvent abrupt, nous conduisait au sommet du Mont Vinaigre, point culminant du massif de l’Estérel, puis à celui de son petit frère, le Mont Aigre, avec sa prairie crémée de cistes pourpres et blancs, roulés au soleil, à la douceur d’organza et de graciles asphodèles qui enchantaient la ligne de crête. Du haut de cette vigie, nous pouvions embrasser du regard tout le massif au cœur duquel l’ombre et la lumière s’enlaçaient. A nos pieds s’ordonnait un monde tourmenté de roches rouges, séquelles des colères d’un monde en fusion, et de sombres et mystérieux ravins.
Des sentinelles avancées veillaient au pourtour du massif : Rocher Barthélémy, Rastel d’Agay, Pic de l’Ours, Pic d’Aurelle, et tant d’autres.
Ces pics et ces monts lui donnaient l’aspect d’une forteresse féodale, assiégée depuis des siècles, mais qui avait encore fière allure.
Ensuite, par une large piste pierreuse, nous plongions aux confins de l’Estérel.
On passait, honteux et malheureux, devant plusieurs maisons forestières, témoins tristes de l’usure du temps et de l’indifférence des hommes. Les ronces et les herbes folles assaillaient les murs de ces vieilles bâtisses aux façades blessées de lézardes, aux volets déformés et décolorés par les intempéries et le soleil brûlant.
Nous progressions au travers de vastes pierriers à la stabilité aléatoire dont la traversée faisait de nous des funambules en équilibre précaire sur un fil.
On longeait des amas de blocs cyclopéens revenus il y a des millions d’années d’un voyage au centre de la Terre.
On s’enfonçait, à plaisir, au fond de frais vallons où coulait et chantait encore un ruisselet d’eau claire que les feux de l’été auraient tôt fait de tarir (Bonnet du Capelan/ chapeau de curé). On longeait bientôt les rives de plusieurs lacs (Etangs de la Péguière) dont la surface était cloutée de centaines de nymphéas aux couleurs pastel, plus délicates les unes que les autres, et sur laquelle des colonies de canards colvert s’ébattaient dans un joyeux tintamarre.
Au loin, nous pouvions nous émerveiller d’une succession de caps et de baies, festonnés jusqu’à l’horizon le plus lointain, avec la mer qui meringuait et ourlait le trait de côte d’une frange d’écume, mouvante et brillante au soleil, que les vagues barattaient inlassablement.
Ainsi se déroulait cette randonnée, belle, festive et conviviale.
Mon rêve, ce rêve-ci, éveillé, fantasmé, ou un autre, nous le réaliserons un jour prochain, ensemble mes amis.    Bernard

la grande borie des Cipières - avril 2020

Voici enfin venu le temps du « jour d’après »
Nous sommes restés si longtemps enchaînés dans nos foyers que nous restons éberlués devant cet espace de liberté qui nous est de nouveau offert, comme un enfant qui reçoit un cadeau désespérément attendu.
Otages innocents d’un mal insidieux et trop souvent mortel, nous voici aujourd’hui libérés de cette hébétude stérile et des chaînes qui nous maintenaient captifs dans nos demeures.
Privés de randonnées et de l’Estérel, nous avions été amputés d’une part de nous-mêmes.
Confinés de l’association T.E.R.R.E., je vous invite à m’accompagner pour une nouvelle errance buissonnière, encore virtuelle pour l’instant.
 Laissez-moi vous proposer aujourd’hui cette randonnée, bien réelle pourtant, que nous pourrions réaliser un jour prochain dans le cadre de nos sorties à la journée, pour autant que nous ayons tous recouvré une totale liberté de mouvement.
Evadons-nous par l’envie et la tentation, aujourd’hui réfrénées, que nous pourrons bientôt satisfaire. Laissons libre cours à notre imagination et à notre soif d’espace et de liberté.
Nous sommes à Cipières, village perché à 780 m d’altitude au pied du plateau de Calern, dans le pays grassois. Il fait face au village de Gréolières et surplombe la vallée du Loup qui coule ses eaux claires dans une profonde dépression.
En toile de fond, le profil crénelé des sommets du massif du Chéiron sur lesquels s’accrochent encore quelques lambeaux de neige.
Je vous entraîne pour une randonnée longue de 8,300 km (aller-retour) avec un dénivelé de 310 m, qui nous conduira jusqu’à l’imposante « Borie de Pons », au pied de laquelle nous pourrons pique-niquer à plaisir (carte IGN 3642ET pli D4).
La randonnée se déroule au milieu d’une nature exigeante, sévère et lumineuse.
Partant de la balise 26, située sur le parking, en plein centre du village, nous emprunterons d’abord le GR4 que nous quitterons bientôt à la balise 160, pour continuer à gauche sur un étroit sentier, cap au 170. Dès lors, nous n’aurons plus qu’à nous laisser guider, non sans garder un minimum d’attention, par un balisage qui est un modèle du genre, jusqu’à la balise 161 au lieu-dit « Les Graus de Pons » où se situe la grande Borie, magnifique et majestueuse, si remarquablement conservée.
Le sentier sinue, méandreux, sur cette terre ingrate, tantôt montant, tantôt descendant, parfois encaissé et parfois dominant, au milieu d’une garrigue revêche et pierreuse, peuplée de chênes verts, de genêts, de buissons, de nombreux ronciers, de cynorrhodons (les « gratte-culs »), dans l’odeur du thym, du pèbre d’ail, du serpolet et de la menthe poivrée.
Partout, ce ne sont que des champs de pierres, quadrillés par des murets gris cendré, parfaitement appareillés, qui retiennent les coteaux, tous bâtis de mains d’hommes, vestiges d’un labeur ancien, incessant et entêté. Combien de Sisyphes ont œuvré leur vie entière à ériger, pierre après pierre, ces amoncellements chaotiques de pierrailles qui parsèment la campagne.
Autrefois grenier à blé de Grasse et des alentours, la terre s’est plus nourrie ici de la sueur des hommes que de la pluie.
Nous franchirons plusieurs vallons, parmi lesquels celui des Pesses, celui du Pas d’Estrugue, et enfin celui des Pourcelles (balise 161/piste à gauche/cap au 15) qui donne accès à la Borie de Pons.
Une plate-forme de terre battue, nivelée et dénudée, nous accueillera devant la grande Borie pour une pause déjeuner bienvenue, festive, conviviale et roborative, avant que nous ne reprenions le chemin du retour en sens inverse pour rejoindre Cipières, après quelques heures d’efforts et de plaisirs partagés.
Cette très belle randonnée, quand pourrons-nous la réaliser ? Dès cet automne ou au printemps prochain, ou plus tard ?
Il n’y a que le virus, sans doute, qui détienne aujourd’hui la réponse !     Bernard

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