RÊVE DE RANDONNÉE

Puisqu’un sort funeste et implacable nous condamne à la solitude et à l’isolement, je vous invite à me suivre pour une nouvelle randonnée rêvée, fantasmée, que nous pourrions peut-être avoir le bonheur de réaliser un jour prochain si une éclaircie dans la pandémie voulait bien nous en offrir l’opportunité.
Je vous propose aujourd’hui une randonnée surprise sous la forme d’une énigme : à quelle distance sommes-nous de Théoule-sur-Mer, où se déroule la randonnée, sur quelle distance et avec combien de dénivelé, comment la nommer ?
Je ne serai pas sans vous donner quelques indices en chemin pour vous aider à résoudre cette énigme et nous saurons bien alors quels sont celles et ceux les plus dignes et les mieux armés pour réaliser cette randonnée sans risque de s’égarer !
Il n’y a sans doute pas de meilleur gage de réussite pour une randonnée que de la commencer au départ d’une cave viticole !
Nous devons à la généreuse hospitalité de la propriétaire de ce château, situé dans le département du Var (43°36’23’’N/6°39’6’’E) et construit au 19ème siècle (351m), au centre d’un important et très réputé domaine viticole, de pouvoir nous élancer à travers ses vignes pour une randonnée en boucle qui nous ramènera dans quelques heures ici même pour célébrer Bacchus sans trop de modération.
Nous sommes à un « jet de pierre » d’un très ancien et authentique village perché, classé commune de montagne, labéllisé « un des plus beaux villages de France », dont l’entrelac de ses ruelles étroites, pentues et tortueuses ne sont pas le moindre de ses charmes et, qui plus est, s’enorgueillit d’être la patrie de « la Reine des Fleurs » (?).
La randonnée commence donc sous les meilleurs auspices, à travers des vignes que l’automne fait flamboyer et des champs d'oliviers parfaitement alignés. On arrive rapidement devant une charmante chapelle agrémentée d’un très beau lavoir (320m), au milieu d’un vaste espace, où se déroule chaque année un pèlerinage très suivi.
La randonnée, bien balisée de bout en bout par une marque jaune pointée rouge, se poursuit tranquillement sur de larges sentiers, souvent presque rectilignes, où l’appui des pieds se fait souple et élastique, parmi des bois de chênes et de pins. On côtoie de nombreuses parcelles de vigne et de belles propriétés, certaines anciennes, de belle facture, d'autres très vastes et plus récentes.
On marche sur de confortables pistes, avec un très faible dénivelé qui se révélera tout à fait dans nos cordes finalement. Dans les forêts dépouillées, les feuilles rouillées font un tapis de velours où se cachent peut-être des champignons, « la chair même de la forêt », une chair dont la saveur tient de l'arbre et de la terre, au parfum de terre mouillée. On baigne dans l'odeur boisée, suave et entêtante d'un humus en décomposition. La nature est peu à peu entrée dans une période de dormance pour plusieurs mois et ne se réveillera pas avant le retour du printemps.
Au fur et à mesure de notre progression, nous pourrons, à loisir, profiter de belles échappées, dans un ruissellement de collines sur les Maures, les premiers contreforts des Alpes de Haute-Provence et le massif de l’Estérel.
On fait un arrêt « pause banane » après un petit pont qui passe au-dessus d’une ancienne voie ferrée, aujourd'hui transformée en une petite route locale. Peu après la pause, une petite variante nous conduit au sommet d’un viaduc (356m) construit en 1897 par les usines Eiffel, impressionnant par sa hauteur de 40m au-dessus du profond vallon de Saint-Pierre.
On s'arrête pour déjeuner, confortablement installés sur des restanques parfaitement conservées, en lisière d'une très grande propriété privée gardée par d’imposants et magnifiques chiens « patous », devant un étonnant panorama de vallonnements formant une vaste prairie constellée d'une multitude de marguerites.
Aucun peintre, impressionniste ou pointilliste, quel que soit son talent, ne pourra jamais posséder une palette de couleurs aussi riche comme sait le faire la nature dans son génie pictural avec cette infinie profusion de nuances dans les verts, les bruns, les orange, les rouges, les jaunes, les ocre et toute cette richesse de couleurs cuivrées, rouillées ou mordorées dont l’automne colore les vignes désormais soulagées du poids de leurs opulentes grappes.
Ce n’est qu’après avoir atteint le point culminant de notre randonnée à 481m que nous entamerons le retour vers le château, non sans être passés devant deux très beaux oratoires fort bien appareillés, témoins de la dévotion de nos ancêtres à la foi chrétienne. Nous ne pouvions mieux finir cette randonnée qu'en allant faire notre marché de « dives bouteilles » et de « gouleyants breuvages » à la cave du château qui nous a si bien accueillis.
Maintenant, c’est à vous de trouver quelle est cette randonnée « mystère » !     Bernard.

Avez-vous la réponse ?  Donnez-la à Bernard Charié.

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