Nous étions presque 60 en partance, dès potron-minet, pour une journée entière de découvertes et d’émerveillement aux calanques de Cassis.
Elles ont pour noms : Port-Miou, Port-Pin, En-Vau, l’Oule, Devenson, l’Oeil de Verre, Surgiton et Morgiou.
Ce sont les huit calanques que nous avons pu visiter et admirer, en croisière, au fil de l’eau, en partant du port de Cassis.
De la mer, on voit les escarpements rocheux, les creux, les failles, les criques et les promontoires, des arbustes racinés dans les moindres interstices rocheux, des pins dans le lointain, des hauteurs de mystères, une montagne hérissée et crayeuse, des gouffres de blancheurs, inondés de lumières, des criques émeraudes, des grottes inaccessibles, des îles, plus loin.
La terre descend brusquement sur les eaux ; elle nous donne à voir un cahot de roches broyées, de pierres et de garrigues. Nue et blanche, elle se donne à la mer, elle lui offre ses calcaires de lumières, ses éclats de blanc qui se confondent avec les reflets de l’eau bleue, sur des plages escarpées, comme un ciel inversé, émeraude et saphir.
La mer, le vent, les pluies, ont créé un magnifique tableau sculpté dans la chair du temps où la nature sauvage domine l’humain.
La mer, claire, limpide et transparente fait apparaitre ses replis, ses galets, ses grains de sable, ses roches et ses secrets, des eaux sans fond au creux blanc des falaises. Les vagues se déroulent à l’infini et reviennent, inlassablement. Les rochers affleurent la mer, la dominent, balayés par le ressac.
La mer rutile d’éclats, elle explose de mille feux, elle s’épanche en une infinité de reflets lumineux. L’horizon de bleu du ciel se confond avec les vagues. L’eau envahit l’air et remplit l’espace de ses senteurs : odeurs de sel, d’ambre et de lumières. Elle roule ses vagues de bleu, de vert, d’ocre et de blanc.
Le ciel et l’eau se confondent et s’éblouissent de luminosité. La mer avance et nous envahit de ses souplesses, de son agilité. De ses mouvements, elle répand un murmure ; de ses reflets, elle éblouit les regards.
De retour au port après 1 h 30 d’émerveillement, renseignés tout au long par un intervenant très bien documenté, trois groupes se sont constitués à l’approche de l’heure du déjeuner : le premier, le plus restreint, restant sur Cassis même, s’organise pour un pique-nique convivial, qui, sur la plage, qui, au restaurant, avant que certains n’entament une visite approfondie de la vieille ville, pendant que d’autres, ou les mêmes, ne profitent du petit train touristique qui, au cours d’une visite commentée, passant par les hauteurs de la ville, les amène jusqu’à la presqu’île de Port-Miou avec un point de vue inoubliable sur la baie de Cassis ; le deuxième, riche d’une dizaine de participants, et le troisième groupe, rejoignent le sentier du Petit-Prince où ils piquent-niquent à l’ombre propice d’une pinède, avant de se séparer pour deux randonnées distinctes.
La première randonnée, dite « sentier du Petit-Prince », est un itinéraire d’émerveillement de 2 km, agrémenté de 12 panneaux et dédié à la mémoire d’Antoine de Saint-Exupéry, pilote-écrivain-poète, le plus connu du monde, qui a achevé ici le 31 Juillet 1944 « sa marche vers Dieu ».
La deuxième randonnée, forte d’une trentaine de membres, plus longue, 6,500 km pour 100 m de dénivelé, et « plus sportive », nous a permis de visiter la calanque de Port-Miou, en lisière de celle de Port-Pin, avant d’aboutir sur la presqu’île de la Cacau, lieu magique entre le cap Canaille et l’île Riou, mariage du ciel et de la mer, vertige de lumières. Sous nos pieds éculés, des couleurs ivres étincellent sur les collines. Les sentiers se découpent sur la mer et, par d’antiques gradins rosis par le temps, marche après marche, on gagne un bout de ciel.
Peut-on imaginer plus belle friche industrielle que cette pointe de la Cacau ? La végétation s’est réapproprié ces arpents de calcaire, la patine a poli la pierre des trémies. La mer, les embruns, le soleil ont lavé la roche et transmuté ces carrières où résonnaient burins et avalanches de pierrailles en presqu’île enchanteresse. Les calanques sont blanches d’exubérance, les sentiers, intenses, de blancs et de verts hachés. Une cascade de pins dévale sur l’à-pic, rivière verte et limpide qui se penche vers la mer. Le soleil dévale aussi la pente et la vue sur les calanques est éblouissante de lumières.
L’odeur prégnante des pins se mêle aux senteurs iodées des flots. Sur la pente, des agaves, des figuiers de barbarie s’accrochent aux escarpements. En contrebas, la mer immense, immensément bleue, happe et saisit le regard.
Le retour au port de Cassis s’est fait dans les temps impartis par Pierre, un peu en ordre dispersé, mais sans encombre, et tous nous sommes revenus à Mandelieu en fin d’après-midi, reconnaissants à l’Association d’avoir su organiser parfaitement un évènement d’une telle qualité dont l’idée originale et la parfaite réalisation reviennent à Pierre.
Au long de cette magnifique journée, on a gravé dans nos pas des souvenirs inoubliables qui nous invitent à d’autres aventures. Bernard.
« On ne voit bien qu’avec le cœur. L’essentiel est invisible pour les yeux. » (Antoine de Saint-Exupéry)
« Qu'a vist Paris e noun Cassis a ren vist. » (Qui a vu Paris et pas Cassis, n'a rien vu.) (Frédéric Mistral)